LIP : un autre 15 août…
Après la décision prise le 18 juin 1973 en assemblée générale de remettre en route la chaîne de production pour assurer « un salaire de survie », la mise en vente des montres commence le 20 juin (voir précédent article). Le 11 juillet 1973 paraît le premier numéro du journal « Lip Unité » crée par les ouvriers et diffusé dans toute la France par les comités de soutien.
D’un côté le tribunal de commerce de Besançon ordonne l’arrêt de l’exploitation et la liquidation des biens (jugement du 31 juillet), de l’autre le 3 août 1973 c’est la distribution de la première paye sauvage. Nouveau pas dans la confrontation : le 8 août 1973 la cour d’appel de Besançon ordonne l’évacuation de l’usine et la mise sous scellés.
Le 11 août 1973 débutent des négociations entre les syndicats, le comité d’action et Henri Giraud (médiateur nommé par le ministre de l’Industrie), sous la menace puisque, comptant sur une absence de riposte pour le « pont du l’assomption », le 14 août 1973 les gardes mobiles donnent l’assaut contre l’entreprise Lip avec brutalité. À l’annonce de cette nouvelle, de nombreuses entreprises de Besançon et de la région se mettent en grève et une manifestation rassemble 10 000 personnes dans la ville. Des arrestations sont effectuées, une trentaine d’ouvriers sont condamnés en une semaine lors des manifestations qui se dérouleront les jours suivants. Les Lip, se retrouvent dès le 15 août dans divers locaux ; ceux de la paroisse de Palente, du cinéma Lux et du Gymnase Jeans Zay prêté par la municipalité. Le 16 août 1973 Georges Séguy et Edmond Maire (secrétaires généraux de la CGT et de la CFDT) tiennent meeting à Besançon. Dans toute la France, des manifestations de solidarité se tiennent. A Paris, la bourse du travail est pleine, des milliers de personnes suivent le meeting dehors. Charles Piaget est présent, et dans la bourse retentit le slogan « le pouvoir aux travailleurs ».
Loin d’intimider les grévistes, la lutte et la solidarité s’intensifient. Le « trésor de guerre » demeure introuvable par la police, la production clandestine des montres reprend. Mieux, l’exemple est suivi comme à Cérisay, dans les Deux-Sèvres, où quatre-vingt-seize ouvrières se mettent à fabriquer, en-dehors de l’usine, des chemisiers (les « Pil »). Les Lip se rendent au rassemblement du Larzac où ils sont accueillis avec enthousiasme.
Le 1er septembre 1973 c’est la deuxième paye sauvage. (A suivre)
http://www.youtube.com/watch?v=mMMkkjfix6A
http://www.cinearchives.org/recherche-avancee-424-299-0-0.html