Pannekoek: un conseilliste autogestionnaire ?
Scientifique et écrivain marxiste né en Hollande en 1891, Anton Pannekoek a été l’une des figures de la gauche radicale en Hollande et en Allemagne, ainsi que de la IIéme internationale. Astronome et mathématicien reconnu, il a également donné son nom à un institut d’Astronomie de l’Université d’Amsterdam.
Opposé à la première guerre mondiale, il est proche de Rosa Luxembourg, très critique de Lénine et de la confiscation de la Révolution russe aux soviets par le parti Bolchévik.
Il tire les enseignements suivants des échecs des révolutions allemande et russe: la transition du capitalisme vers le communisme doit être le résultat de l’organisation des ouvriers en conseils démocratiques, et non le résultat de la domination d’une classe sur les autres, par exemple par le biais d’un parti, ou d’un état dont les fonctionnaires piloteraient la production. Il rejette donc autant le capitalisme que le socialisme d’état.
Pannekoek s’appuie sur un constat historique: dans les situations réellement révolutionnaires, les travailleurs s’organisent spontanément en conseils d’ateliers, en comités de travailleurs, en dehors des hiérarchies traditionnelles y compris parlementaires, partisanes et syndicales, pour organiser les affaires économiques et politiques directement, jusqu’au niveau national.
Dans « les Conseils Ouvriers », il déduit de ces observations une théorie de l’auto-organisation des couches productives de la société: pour rejeter le capitalisme, il est nécessaire que des conseils locaux et élus démocratiquement sur les lieux de production et de distribution décident de la gestion des processus productifs. Ils excluent du processus de décision les couches sociales ne participant pas à la production. Le souci des conseils dépasse le cadre local de leur production, et s’étend à l’ensemble du processus productif à l’échelle nationale et au délà; les conseils de différentes unités de production se mettent en rapport les uns avec les autres, notamment ceux dont ils dépendent ou qu’ils fournissent, par exemple en matières premières.
Pannekoek insiste sur les effets délétères de la division du travail entre classe dirigeante gérant à distance la structure et les modalités de la production sans se soucier de rendre des comptes à leurs mandataires; et citoyens qui sont accaparés chaque jour par les tâches élémentaires de la production sans avoir de temps à consacrer à son organisation globale.
Pour Pannekoek, le communisme ne peut résulter que d’un processus révolutionnaire, aboutissant à un accroissement considérable de la démocratie et à la collectivisation des moyens de production.